(…) Au-delà des principes et idées avancés, c’est le style vestimentaire même du hipster qui a été récupéré par la droite. Et ce n’est pas tout à fait une coïncidence. « Le hipster eco-friendly, avec sa barbe et sa chemise en flanelle, envoie le signal d’un retour à la nature et de la masculinité. (…) Le fait que les conservateurs ont réussi à s’approprier cette esthétique en dit long sur sa superficialité, sa prédisposition à être massivement adoptée, et même sa prédisposition à être adopté par les conservateurs. En tant qu’idéologie politique, le conservatisme est fondé sur la projection de l’authenticité, de l’antisystème et du sens pratique ; dans le fond, le conservatisme entretient l’ultra conformisme et le maintien du statu quo. De la même manière, la quête d’originalité des hipsters est limitée par l’obligation de se conformer aux désirs des autres, eux-mêmes dictés par l’économie des influenceurs, l’industrie de la pub et la “commodification” de l’art, tous parties intégrantes du système capitaliste. Il n’y a rien de révolutionnaire ou d’expérimental à propos du hipster, ce pourquoi il est si facile de se l’approprier et de transformer ce qu’il signifie. »

  • le pouffre bleu@lemmy.worldOP
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    1 year ago

    Pour le coup, je pense qu’il n’y a pas qu’une réappropriation par de nouvelles personnes de l’esthétique de l’hipster des années 2000-2010 mais peut être aussi un glissement provoqué par les perspectives peu reluisantes que l’état du monde a à nous offrir et les contradictions de certaines valeurs et comportement qu’ils pouvaient mettre en avant.

    Le côté “consommer responsable” et/ou local c’était (surtout) aussi de leur part un étalage de vertu et de statut social en plus de simplement profiter de produit de qualité accessibles à partir d’un certain pouvoir d’achat.

    Disons que cet étalage de vertu pouvait s’intégrer à une étiquette de progressisme, d’avant-garde de la consommation durable, de personne de gauche étant donné que le récit dominant était (et est toujours) tourné sur la responsabilité individuelle du consommateur comme levier principal pour résoudre les problématiques écologiques.

    C’était se conformer à une idée “archétypale” de “citoyen-consommateur” moralement et matériellement un peu au dessus des autres en étant pleinement intégrés à la société de consommation et bénéficiant du confort qu’elle procure…

    En revanche aujourd’hui, pour se démarquer et avoir un côté progressiste/d’avant garde à gauche sur les problématiques écologiques, ça ne suffit plus.

    C’est même plutôt l’inverse. Aujourd’hui, les pensées de gauche qui cherchent intégrer les enjeux écologiques vont plutôt faire des propositions tournées vers la sobriété, donc moins du consumérisme consubstantiel à la création identitaire du hipster, et des remises en question de nos modes d’organisations dans leur ensemble.

    Pour pouvoir avoir un statut de pionnier dans ce contexte, il faut être prêt à renoncer à un peu de ce confort et/ou expérimenter des pratiques et usages vu parfois comme “extrêmes” ou en tout cas mis en avant comme un modèle à suivre dans la plus part des medias et courants politiques (les fameux amishs qui veulent vivre dans des cavernes éclairées à la bougie, les terroristes intellectuels etc) qui supposent parfois de sortir de sa zone de confort, de prendre des risques voire d’être marginalisé. Véritablement hors de la norme, contrairement à leur confortable anticonformisme de façade.

    Mais alors comment qu’on fait pour continuer à aimer les bonnes choses, profiter de l’authenticité et soutenir l’artisanat/industrie locale, les agriculteur du coin sans “sacrifier” son confort tout en s’assurant un cadre auquel se conformer qui nous permet de se flatter avec une idée d’avant-garde/opposition avec ce que pense “la masse” ?

    Extrême droite et écologie : «Le localisme est une manière de s’adapter à la demande électorale»

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    La tentation écofasciste

    Pour un peu plus de nuance et plus de lecture : Écofascisme : notion éclairante ou piège idéologique ?